Acculé ? Agonisant ? Paniqué ? Autant
de questions qui interpellent les esprits sur l’attitude de Sarkozy au cours de
sa campagne présidentielle. Si l’on se rappelle bien, au cours de sa campagne
2007, il avait fait une promesse aux harkis : « Si je
suis élu Président de la République, je veux reconnaître officiellement la
responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des Harkis et
d'autres milliers de « musulmans français ». Mais voilà, l’amnésie
faisant son effet, à l’instar d’une fontaine de jouvence, Sarkozy reprend la
même rhétorique, presque les même propos en reconnaissant officiellement, lors
d’un meeting à Perpignan, la «responsabilité historique» de la France dans «l'abandon
des harkis, combattants musulmans au service de la France». Depuis le temps où
il avait promis de « reconnaître cette responsabilité » cinq longues
années se sont écoulées. Cela ne lui avait-il pas suffi pour reconnaître cette
responsabilité ? Il a fallu que la campagne 2012, s’annonce mal pour lui,
et ce, après moult subterfuges- faux débats qu’il a voulu instrumentalisés pour
appâter l’opinion, en vain- pour qu’il se souvienne de cette fameuse promesse à
l’image d’une farce qu’on veut refaire
et dont les dindons seraient ces harkis et ces pieds noirs. Du coup, le
candidat sortant s’en fiche éperdument d’empiéter le terrain de chasse du FN ; pas besoin donc de scrupule pour décrocher le
jackpot !
Mais voilà, encore une fois, le violon d’Ingres
historique semble désaccordé. Car, en
jouant cette carte, il a notamment subi l’effet boomerang. D’une part, en
omettant intentionnellement de « rayer » la commémoration des Accords
d’Evian, il s’est fort distingué par une position révisionniste, lui soucieux
des valeurs républicaines comme l’attestent ses récents propos (parlant de Raymond Aubrac, le grand résistant français) publiés dans le Figaro : « Nous avons le devoir d’en maintenir le souvenir vivant au cœur de notre
mémoire collective». A cette importance accordée à la « mémoire
collective », certains journalistes de Rue 89 lui ont rétorqué: « Depuis bientôt un an, les plus hautes autorités de l’État
s’acharnent à dresser les citoyens les uns contre les autres. Elles ont
successivement jeté à la vindicte publique les Roms et les gens du voyage, les
Français d’origine étrangère, les habitants des quartiers populaires, les
chômeurs et précaires qualifiés d’“assistés”… Elles ont ressorti le vieux
mensonge d’une immigration délinquante, elles pratiquent la politique de la
peur et de la stigmatisation ».
D’autre part, en s’illustrant par son absence aux
obsèques du président Ahmed Ben Bella, en voulant séduire son électorat par ses
poussées xénophobes, Sarkozy semble glisser dans un sarcophage politique.
Son bilan de campagne ? « La plus nulle de toutes les
campagnes présidentielles prend fin et se résume à cette question : virer
Sarko ou non ? » s’interroge Me Gilles Devers. Aucune chance, c’est raté !
Chérif Abdedaïm
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