lundi 9 avril 2012

Chronique : Presse ou média-crasse ?



Les événements de Ghaza nous ont fait découvrir une Autorité Palestinienne prête à réprimer les manifestants de Cisjordanie parce qu’ils ont osé soutenir leurs frères assassinés sous les bombes sionistes. Mahmoud Abbas, le premier responsable au sein de cette Autorité et sa Cour, se sont beaucoup plus souciés du « qu’en dira-t-on » sioniste que de la tragédie de leur peuple.
On se souvient de la fameuse histoire de la dame qui vendait les « Falafels » parce que son mari, policier, avait été licencié et emprisonné par les services secrets de l’AP. Raison ? Le bonhomme ne ratait jamais sa prière à la Mosquée. Oui, c’est vraisemblablement un crime que d’être musulman, statut  prêtant à l’amalgame avec « islamiste ». « Islamiste » en Palestine, veut dire faisant partie du Hamas. Dans ce pseudo-syllogisme cela se traduit par « terroriste ».
Et voilà, qu’après avoir pris leur courage à deux mains, les deux frères ennemis se sont réconciliés. Ouf, au moins un geste qui allait unir les Palestiniens. Dans cette atmosphère pseudo-fraternelle - car, sait-on jamais, la corde reste encore fragile pour pouvoir céder un jour- l’Autorité Palestinienne, qui paraît œuvrer pour une vraie démocratie, semble répugner la « critique », ou plutôt la liberté d’expression de la presse palestinienne. Tout serait-il parfait pour prémunir cette Autorité des critiques ? Je ne le pense pas. D’ailleurs, dans un passé récent, beaucoup de « bavures » ont été révélées  sur les relations secrètes entre certains responsables palestiniens et le régime sioniste.
Hier, c’étaient  donc  des manifestants qui étaient réprimés, aujourd’hui ce sont les journalistes qui sont muselés. Si les intellectuels Palestiniens sont privés de cette liberté de la presse et d’expression sous couvert de « respect de la primauté du droit », comment Abbas et consorts comptent-ils  légitimer leur lutte dans le monde. Par le passé, n’était-ce pas ce terrain médiatique qui avait fait défaut à la cause  palestinienne ?
Khaled Amayreh nous  apprend récemment, dans un article, que « plusieurs journalistes palestiniens ont été interrogés et emprisonnés ces derniers temps pour des articles qu'ils ont écrits ou des opinions qu'ils ont exprimées sur des personnalités de l'AP, dont le président Mahmoud Abbas. L'un des cas signalés est celui de Youssef Shayeb, qui est incarcéré depuis la mi-mars suite à un article qu'il a écrit à la mi-janvier où il révélait une présumée corruption financière et administrative gangrénant la mission diplomatique de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) à Paris.»
Serait-ce là un tort que de dénoncer un fléau qui risque de dévier la lutte de ses objectifs ?
Faudrait-il qu’Abbas et son Autorité disposent d’un groupe de média-crasse, minant, telle une gangrène, les fondements même de cette lutte ? A moins que  l’objecteur de conscience soit le régime sioniste ; là c’est une autre question.
Chérif Abdedaïm, La Nouvelle République du 9 avril 2012
cherif.dailybarid.com
abdedaim.wordpress.com

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